•  

    Virage

    Dans quelques semaines, un nouveau boulot. Je quitte le confort de ma vie pour relever de nouveaux challenges et espérer qu'enfin ma vraie valeur sera bientôt reconnue. C'est un pari. C'est un changement total de vie. Ce sont des km au compteur qu'il va falloir ajouter chaque jour pour retrouver mon nouveau lieu de travail, à plus d'une heure. C'est un nouveau rythme à prendre, de nouvelles personnes à convaincre. Tout ça pour ne pas gagner plus pour l'instant. En croisant les doigts pour que oui, demain, cela finisse par payer.

    C'est aussi quitter le ron-ron, les petites gens qui n'en finissaient plus de me considérer comme la dernière roue du carosse, pour trouver un environnement où je suis attendue (au tournant peut-être).

    Mais c'est aussi du temps pour moi et pour lui qui disparaît. C'est la fin annoncée de nos douces parenthèses improvisées à quelques pas du bureau.C'est peut-être le début de la fin entre nous. Peut-être pas. Peut-être va t'il tant manquer à ma vie que je ne pourrai plus supporter ce vide. Peut-être que ma vie va tout simplement retrouver un équilibre entre mari, enfants, boulot, famille, loisirs... et qu'il ne sera plus qu'un doux rêve au creux de mon coeur.

    Nous n'en avons pas vraiment parlé, mais il m'a écrit ce matin :

    "Il manque quelqu'un près de moi
    Je me retourne tout le monde est là
    D'où vient ce sentiment bizarre que je suis seul...
     
    ...Je t'envoie comme un papillon à une étoile
    Quelques mots d'amour"
     
    Je t'embrasse mon amour et croise les doigts pour que tout ce que tu mérites s'offre à toi dans les mois qui viennent. J'ai l'intuition que tu vas enfin pouvoir être reconnue à ta juste valeur et cela me comble de bonheur. Tu es une personne à part, singulière et originale, d'une profonde humanité et pour cela tu mérites le meilleur.  
     
    Je sais aussi que tu t'interroges, même si tu ne m'en parles pas sur ce que pourrait devenir notre histoire avec ces nouvelles contraintes professionnelles. Alors ne t'inquiète pas pour cela... Pense à toi pour une fois et sache que la vie ne sépare jamais ceux qui s'aiment. Si elle peut les séparer physiquement, ce qui est ancré dans les cœurs ne s'efface jamais.  J'ai compris aussi que si le "petit oiseau" avait souhaité s'envolé il l'aurait déjà fait... Si parfois, j'ai eu le sentiment de voir encore une fois le bonheur m'échapper, je vois aussi en toi un amour à part, un partage, une passion si différente. Alors, c'est vrai, il ne faut pas se le cacher, nous risquons de ne plus beaucoup nous voir mais je serai toujours la pour toi quand et où tu le souhaiteras... Car je sais que tu es celle qui est programmée pour moi... (et il m'arrive quelques fois d'être très têtu...:-)).
     
    Et puis ce nouveau départ et un moi moins présent (en vrai mais pas par la pensée :-)) dans ta vie pourra peut-être te permettre d'y voir plus clair dans ton couple...
     
    Je t'aime ma chérie... passionnément
     
    ----
     
     

     


    1 commentaire
  • Tout simplement

    Sentir une complicité de plus en plus grande, une intimité de plus en plus forte, un besoin de garder le lien même entre deux rendez-vous… Se dire que c’est beau, mais que c’est difficile de garder l’équilibre. Se dire que c’est fragile, mais qu’il est doux et bon d’en profiter encore et encore, parce que la vie est courte. Se dire qu’on a de la chance d’avoir rencontré quelqu’un qui vous aide par sa simple présence à vos côtés à devenir meilleur…

    Se dire que l’amour, ce n’est finalement pas forcément le cœur qui bat à toute allure, les nœuds au ventre et les palpitations.

    C’est peut-être aussi cette sensation d’apaisement quand je pose ma tête sur son épaule.

    Tout simplement.


    1 commentaire
  • Et maintenant ?

    J’ai bien fait tout comme tu m’as dit. J’ai été une petite fille bien sage. J’ai bien travaillé à l’école, je me suis pliée aux règles, j’ai fait ce que tout le monde fait. J’ai trouvé un travail stable, un mari présentable en société, réussi deux beaux enfants… J’ai aussi une grande maison, bien décorée, à la campagne, au calme, pas un bruit. J’ai quelques amies éparpillées. Une jolie famille. Voilà. J’ai bien fait tout comme tu m’as dit maman. Et maintenant ? Maintenant je devrais être heureuse. Je devrais être comblée. J’ai tout ce que beaucoup bataillent encore pour avoir. Et pourtant je me sens parfois totalement vide. Vidée. J’ai regardé la vie passer pendant 20 ans. Je me suis regardé vivre. Comme un fantôme observe les vivants depuis ce monde intermédiaire où il n’est ni tout à fait mort, ni tout à fait vivant. Invisible aux yeux des autres. Transparent.

    Faut-il continuer ainsi ? Oui, me réponds-tu indirectement quand j’émets l’hypothèse de tout remettre en question. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs et j’ai déjà beaucoup. Toutes ces choses que ceux qui « refont leur vie » perdent et ne retrouvent pas. Jamais.

    J’ai construit tout ça sans conviction, parce qu’on ne me laissait pas rêver d’autre chose que de ce qui était convenable. Il faut être sur les rails. Ne pas sortir du rang. Etre ordinaire, passer inaperçu. Formatée. J’ai tenté timidement de m’exprimer sur mes désirs. Personne pour m’écouter, donner de l’écho, du sens. Pire, démonter mes rêves un à un, me convaincre que je suis une fille ordinaire, banale, qui n’a rien, pas de talent à exploiter, pas de miracle au bout des doigts, rien. Je suis peut-être une fille ordinaire. Ou pas. Je ne suis pas foncièrement malheureuse. Mais je ne suis pas formidablement heureuse non plus. Je vis dans un entre-deux, fait de hauts et de bas. Comme tout le monde. Comme tout le monde…

    Et maintenant ?


    5 commentaires
  • La femme ours

    On discute peu dans la famille. Mon père ne dit jamais rien, ma mère n’est pas très bavarde non plus. Pourtant, c’est à moi et à moi seule qu’elle se confie parfois, notamment en ce qui concerne la perte de sa sœur. Récemment, au cours d’une discussion, anodine au départ, nous avons dérivé sur son enfance et le manque d’amour, le manque de mots d’amour, de gestes tendres et d’encouragements dont elles ont souffert et dont elle souffre encore aujourd’hui.

    Ma grand-mère elle-même a eu une enfance très dure. Elle a perdu son père à la fin de la guerre. Sa mère a élevé ses enfants seules et n’a eu de cesse de « préférer » ouvertement la sœur de ma grand-mère. Cette mamie gâteau que je connais a été très dure avec ses propres filles. Loin, très loin de l’image que j’en ai eu moi-même pendant mon enfance.

    Maman n’a eu de cesse de ne pas vouloir reproduire ce schéma, de nous donner la liberté qu’elle n’a pas eu et de nous le dire (tant et si bien que le peu de liberté que nous avions nous semblait déjà énorme), de nous donner ces mots d’amour qu’elle n’a pas eu. Pourtant, même si nous avons été comblées d’amour, ma sœur et moi avons aussi manqué de mots d’encouragements, et pour ma part de liberté aussi. Elle et moi avons grandi avec un manque énorme de confiance en nous. Ce que je faisais était bien, peut-être, mais il ne fallait pas le dire trop fort, pas s’étendre sur le sujet, ne pas en rajouter et surtout, dire inévitablement à chaque fois que nous pouvions faire mieux encore… Rarement je l’ai entendu dire un vrai compliment. Je me souviens de l’un d’entre eux, lorsque j’ai eu mon concours pour entrer dans une formation universitaire qui sélectionnait une quarantaine d’étudiants sur des centaines de candidatures. Elle a dit, presque déçue (puisque cela sonnait le glas de mon départ de la maison) mais fière à la fois, « j’étais sûre que tu l’aurais, tu réussis toujours ce que tu entreprends ». Ce fut bref, mais j’ai gardé en moi ces mots comme un trésor.

    Aujourd’hui, je me rends compte que mon propre fils manque de confiance en lui et maintenant que j’en ai pris conscience, j’essaie de me rattraper. Mais j’angoisse quand on dit que tout se joue avant 6 ans… Puisqu’il va sur ses 8. Alors je redouble d’efforts pour me contenir quand je suis en colère, choisir mes mots pour ne pas déraper et j’encourage son père qui fait souvent de très grosses colères à essayer de se maîtriser un peu plus lorsqu’il s’agit de son fils. Je l’encourage quand il a des difficultés, je le félicite quand il réussit. Je lui dit presque tous les soirs au moment du coucher combien je l’aime et combien je sais que c’est un petit garçon formidable. Ca ne sera peut-être pas assez, je n’en sais rien, mais j’espère qu’il arrivera bientôt à trouver un peu de cette confiance en lui que je voudrais lui donner.

    Du côté de ma fille, depuis qu’elle est née, je n’ai de cesse de lui dire qu’elle est belle, que ce qu’elle fait est bien, qu’elle est intelligente et qu’elle est gentille. Elle a déjà un caractère bien trempé et sait, à trois ans, déjà exactement ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Je me fous qu’on puisse penser que j’en fais trop et j’adore que lorsqu’on lui demande « c’est qui la plus belle ? », elle réponde sans douter « c’est moi la plus belle ». Et non, je ne pense pas qu’elle deviendra prétentieuse comme l’insinuent parfois en riant ma mère ou ma grand-mère. Je veux juste qu’elle prenne conscience de toute la beauté de sa personne, intérieure et extérieure et qu’elle apprenne à vivre sereinement, à s’écouter et à s’affirmer dans ce monde qui ne fait pas de cadeaux à ceux qui s’effacent d’eux-mêmes.

    NB : je ne sais plus si c’était avant ou après cette conversation d’avec maman, mais j’ai récemment rêvé d’un ours qui me poursuivait. Comme il s’agit d’un rêve particulièrement étrange, j’en ai recherché la signification symbolique sur le dictionnaire des rêves… La voici

    Malgré son apparence masculine ou asexuée, l'ours est un symbole féminin. Il est traditionnellement associé à l'obscurité et à la lune. En rêve, il symbolise la mère négative et les dangers des comportements inconscients. L'ours représente une forme d'évolution - c'est le seul mammifère avec le singe à pouvoir adopter la posture debout - mais susceptible de régression.L'ours est souvent présent dans les rêves d'enfants. C'est la perception de leur propre mère quand celle-ci est soumise à des accès d'humeur qui la rendent imprévisible. Comme l'ours semble doux et se révèle très dangereux, elle peut être douce et chaleureuse pour devenir soudain menaçante quand elle ne contrôle pas sa colère ou punit son enfant de façon disproportionnée. L'enfant face à une mère gouvernée par de tels accès de colère qui la transforme radicalement se sent véritablement en danger. Il peut avoir le sentiment de recevoir de véritables coups de griffes.

    Mère négative, douceur et colère, régression psychique, mise en danger.

    Parfois, j’ai l’impression que cet ours, c’est aussi un peu moi… Et cela me rend triste.


    1 commentaire
  • Une valse à trois temps

    C'est étrange ce va et vient des sentiments. Comme une valse à trois temps qui m'emporte dans un tourbillon jusqu'à m'en faire perdre la tête. En ce début de vacances, la séparation d'avec mon autre a été difficile. Un manque est apparu, subtil mais bien ancré, discret mais bien présent, en filigrane de mes journées.

    Devoir cohabiter toute la journée avec mon homme fut, durant les premiers jours, assez difficile. Le début des vacances était tendu. J’étais tendue. Pas moyen de se détendre quand il faut gérer en vacances approximativement les mêmes choses qu’en temps normal. Le boulot en moins, la plage en plus. Et puis, après une première crise, puis une deuxième, se dire des choses tues depuis des années. Comme ce sentiment que j’avais qu’il n’avait pas voulu divorcer non pas par amour pour moi, mais plutôt par peur de perdre tout ce qu’il avait construit.

    S’expliquer, se disputer, crier, pleurer. Et puis faire table rase de ces premiers jours chaotiques et entamer de vraies vacances. Mieux se répartir les tâches, moins courir pour voir toute la famille, les amis et faire tout un tas de choses qu’on aime faire habituellement en vacances. Renoncer à certaines balades. En faire moins, profiter plus.

    Petit à petit le manque de mon autre s’est estompé. Mes pensées vers lui se sont espacées. Mon envie de consulter ma messagerie pour lire ses missives s’est évanouie. Certains même de ses mots, son emphase à mon égard m’ont parfois presque agacée.

    Revenir au nid. Passer une semaine en tête à tête avec mon homme. Ne pas trop savoir quoi se dire et puis profiter de ce temps offert. Retrouver des gestes tendres, une sexualité libérée de contraintes, se retrouver un peu.

    Et en même temps, sentir les retrouvailles d’avec mon autre approcher. Manquer de sa peau contre la mienne, manquer de ces étreintes passionnées… Ne plus trop savoir, mais se laisser porter. La vie est belle et tant pis pour le reste…


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique