• Vertige

    Vertige

    Vertige. Je sens comme un vertige en moi qui me fait tomber chaque fois que je me confronte à cette réalité. Tu n’es plus là. Un départ brutal. Un jour au téléphone à se raconter nos vies, Et quelques jours après, plus rien. Une opération dont tu ne reviendras pas. Un combat que tu n’auras pas à mener contre ce foutu crabe qui venait tout juste de surgir. Tu as tiré ta révérence discrètement, et tu nous laisses là à 50 ans. Face à nos questions.

    Près de 30 ans à te côtoyer, à te confier mes secrets, à écouter tes conseils, à partager nos questionnements existentiels, nos errances au boulot, nos soucis avec les enfants… et maintenant, le vide.

    Chaque jour depuis un mois que tu es partie maintenant, je pense à toi. Il n’y a pas une journée où je n’ai pas une pensée pour toi. Chaque fois que la vie me semble compliquée, que les soucis s’accumulent, je pense à toi et je me dis que ce n’est rien. Que tout ça va passer. Que l’essentiel est ailleurs. Qu’il ne faut pas s’en faire et que tout va s’arranger.

    Parfois je craque. Et je pleure. Je me dis que j’ai le droit parfois d’être fatiguée, découragée. Mais je me reprends vite, comme si ce droit n’avait pas de réel poids face à cette injustice de la vie. J’apprends à tout relativiser. Encore plus fort qu’avant. Je me lève et je me dis : et si aujourd’hui était ma dernière journée sur terre ?

    Je cherche à retrouver mes aspirations les plus profondes. Mais je les ai perdus depuis si longtemps que je suis dans un flou magistral. Evidemment, il y a les fondamentaux : l’amour de mes enfants, de ma famille, de mon chéri, le besoin de soleil et celui de voir la mer. La base. Ma base. Une base écartelée. Que ce soit aujourd’hui où je suis loin de ma famille, du soleil et de la mer pour vivre près de mes enfants. Ou dans un potentiel demain, où je pourrai me rapprocher du sud mais… m’éloigner de mes enfants. Dois-je vivre écartelée à vie ?

    Et puis je me reprends, j’efface les larmes qui coulent sur mes joues et je fais défiler tous les petits bonheurs dont je me rassasie pour me réconforter : des enfants en bonne santé, une maison confortable, une famille au top, un chéri attentionné, un boulot qui me permet d’être indépendante.

    Parfois, je me réveille la nuit, l’angoisse au cœur. Avec la peur de m’étouffer quand mes narines se bouchent, l’angoisse de ne plus avoir assez d’air. Je me lève, je surfe sur mon téléphone, je tente tous les stratagèmes, malgré le sommeil qui plombe mes paupières, pour distraire mon esprit de ces pensées qui me font suffoquer.

    Et le matin je recommence, une nouvelle journée, fatiguée. Mais vivante.


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