Ca y est, je suis une maman... Ca me fait tout bizarre de dire et d'écrire ça... Comme si c'était un truc totalement incongru. Evidemment, rien ne s'est passé comme prévu. Il est né avec 15 jours d'avance. Déjà pressé le petit loulou, qui ne sera donc pas un bélier finalement. Mais bon ça, on s'y attendait un peu. C'est rien. Rien du tout à côté de la suite.
Le plus drôle, c'est certainement d'être tombée sur une sage femme qui a eu un peu de mal à mesurer réellement l'état d'avancement du travail, un personnel débordé au moment où moi je commence sérieusement à avoir du mal à respirer et qui, lorsqu'on daigne enfin venir me voir, m'annonce que le bébé arrive et qu'il est trop tard pour la péridurale. Hein ? Quoi ???? Bon évidemment, j'ai enchaîné sur une épisiotomie, alors qu'on m'avait juré craché qu'il n'y en avait que 10% dans cette clinique. Alors soit, j'ai vraiment pas de bol, soit on m'aurait menti ?
Le plus dur, finalement, c'est encore la suite... Un bébé dont la température est trop basse, qui a du mal à gérer sa respiration et qu'on m'enlève illico pour le mettre sous couveuse. Je l'aurais à peine aperçu et je ne pourrais vraiment le toucher que trois jours après. Mais voilà, du coup, je n'ai pas eu la fameuse "vague d'émotion intense" qui fait qu'on se sent bouleversée et tout et tout à la naissance de son petit bout. J'ai juste eu l'impression qu'on me donnait un bébé mais que ce n'était pas forcément le mien. Pour une fille super émotive comme moi, ne pas vivre ce moment unique de la vie comme un moment fort en émotions, c'est frustrant. Très très frustrant même. Comme l'impression qu'on m'a volé le moment le plus important de mon accouchement.
J'ai parfois la sensation que tout ça, grossesse, accouchement, bébé... ce n'est pas réel. L'impression que je pourrais me réveiller et que tout ça n'a jamais vraiment eu lieu, que c'est une parenthèse que je pourrais presque fermer avant de reprendre le cours de ma vie, comme avant. Et toutes ces sensations, ces impressions, ce manque d'élan émotionnel me font évidemment atrocement culpabiliser. Je me demande si je suis normale.
Ensuite, il y a eu les évanouissements à répétition tellement j'étais claquée, les douleurs de l'épisio et pire encore... celles des hémorroïdes. Un truc affreux affreux. D'autant plus qu'on m'a annoncé que c'était tellement sévère que j'allais certainement conserver une varice et là, je pleure et je me dis "mais pourquoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ??? C'est vraiment trop beurk beurk beurk !!!"
10 jours en clinique, le temps que bébé se remette d'applomb. A la fin, ça commence à faire long. Surtout quand le papa que j'avais prévenu sur ce thème, se débrouille pour se faire renvoyer à la maison parce qu'il n'a pas été foutu de venir avec un landau totalement équipé pour être attaché correctement dans la voiture. Nous étions sur le départ et me revoilà partie à attendre encore une heure, prise en otage par le service de néonathologie, le temps qu'il revienne avec un autre moyen de transporter bébé. Et quand je fais la gueule à son retour, monsieur ne se remet pas du tout en question et ne comprend absolument pas pourquoi je suis juste un peu sur les nerfs là. Je me suis juste tue. Sinon, je l'étranglais, lui, le bébé et moi après.
Il y a ensuite le premier accrochage avec les beaux-parents, pas foutu de comprendre, alors qu'ils habitent à côté et sont à la retraite, que non, franchement, se pointer à la maternité le dimanche entre 15h et 17h alors qu'il y a déjà 15 personnes qui défilent, ce n'était pas un choix très intelligent. Et de refuser d'attendre 10 mn dans le couloir que les visiteurs précédents s'en aille avant de pouvoir entrer dans la chambre parce que "nous aussi on est les grands-parents" (rapport au fait que mes parents sont venus passer le WE pour voir le bébé, sauf que ma mère bosse encore et qu'ils habitent à 350 bornes, donc ils n'avaient pas trop le choix, c'était le WE ou rien), franchement, j'ai trouvé ça très con comme attitude. Evidemment, le chéri étant très contrarié, j'ai du m'applatir et rappeler pour "m'excuser" et les enjoindre à revenir le lundi (je ne tenais pas à avoir un chéri contrarié alors que j'étais moi-même à la limite du baby blues sévère). Alors que je n'avais qu'une envie : leur dire qu'ils n'étaient vraiment que des pauvres cons de réagir ainsi et que si ça commençait comme ça, ça n'allait pas du tout coller entre nous.
Bref. Ca y est, nous sommes de retour à la maison. Bébé va bien. Le Papa est là une semaine avec moi, le temps qu'on s'organise. Les choses vont probablement rentrer dans l'ordre, au fil du temps. Mais je suis encore traversée par ces idées pesantes qu'un bébé, c'est vraiment beaucoup beaucoup de contraintes... Et j'angoisse un peu à l'idée d'être emprisonnée à la maison, d'autant plus que, vous vous en doutez bien , je n'ai pour l'instant aucune envie de confier bébé à la garde de mes beaux-parents pour avoir le temps de faire autre chose, ne serait-ce que l'espace d'une après-midi.
J'espère que très vite, l'amour et l'émotion, le lien maternel et tout ce qui va avec prendront le pas sur le reste... Faut juste que je me repose un peu je crois. Je suis vraiment trop sur les nerfs pour le moment.
Que d'evenements! Toutes mes felicitations! Ah on dirait que bien souvent la naissance d'un bebe et les accrochages avec les beaux parents vont de pere, tu n'es pas seule dans ce cas la. J'espere que tout va rentrer dans l'ordre. courage et profite!