• Retrouvailles sucrées salées

    Vendredi soir. Je reste un moment devant mon étalage de fringues. Quoi mettre ? Question existentielle s'il en est. Etre jolie. Etre à l'aise pour danser aussi. Sexy mais pas trop. J'opte pour du simple. Jean taille basse, ceinturon, petit haut en satin et bottines à talons. Je me demande s'Il sera là. Mon esprit ne mouline plus que cette pensée là. Nous arrivons à la boite de nuit. Assez tôt. Il y a encore peu de monde et je suis soulagée quelque part de ne pas le voir. Mais je me doute bien que ce n'est pas gagné. Et en même temps, je l'espère. Lui. Vers 1h du matin, j'aperçois une copine, suivie de son mari, du meilleur copain de petit prince et... petit prince. Ils traversent tous la piste sans me voir, si petite, noyée au milieu de la foule. Ils s'installent à une table, dans la lignée visuelle de là où nous dansons. J'angoisse. Je me mets de dos. Je ne veux pas le « voir » en premier. Je culpabilise d'être là sans avoir prévenue comme je l'ai fait la dernière fois, où, du coup, il n'était pas venu. Un peu comme si je m'étais invitée sur son territoire sans son autorisation. A un moment, je croise son regard. Je m'arrête net de danser. Lui continue de discuter avec S. son ami. Il fait sombre. Mais je pense qu'il m'a vu, reconnu. Il ne bronche pas. Je suis un peu perdue. Je ne sais pas comment réagir. Je n'ose pas, comme la dernière fois, jouer l'heureuse surprise et venir leur dire bonjour pour finir par essuyer un douloureux « va t'en ». Alors je reste plantée là. Et puis je baisse les yeux, me retourne et continue de danser, danser, danser jusqu'à épuisement.

    Un peu plus tard, je m'approche du bar pour boire un verre. Je croise l'ami de petit prince. On échange quelques mots. Il me dit "tu as vu où nous étions installés ?", moi, destabilisée, " heu, oui, je crois t'avoir aperçu au fond à droite, c'est ça ? Faut dire qu'avec ta chemise rouge on te repère de loin ! " (quelle cruche je fais parfois). Lui, " oui, c'est ça. Tu peux venir si tu veux, il n'y a pas de problème ". Alors là, je m'interroge. L'ami en question n'est pas censé être au courant, mais je sais qu'il a des doutes. En saurait-il plus aujourd'hui sur notre histoire ? Est-ce une invitation, une autorisation ou bien juste une formulation comme une autre, sans sens caché aucun ? Je réponds vaguement que je passerais certainement un peu plus tard dans la soirée. J'hésite longtemps. Et puis, une heure plus tard je me lance. Je fais un signe à ma copine qui, déjà un peu saôule est toute contente de me voir. Nous discutons. Je n'ose pas lever les yeux pour regarder derrière, s'il est sur les canapés ou pas. Le mari de ma copine s'approche pour me saluer. Je me dis ok. S'il est à côté, il m'aura vu. A lui de faire ce pas vers moi s'il veut me voir. Je m'assoie à côté de ma copine. Nous discutons, nous tapons un délire sur deux trois chansons. J'attends. Je n'ose pas me retourner. C'est trop tard maintenant pour faire genre " oh, tu es là ? ". Rien. Je repars avec mes copines du soir. Je ne l'ai pas vu. J'ai peur qu'il soit parti. Vexé peut-être. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je dois faire. Ni comment réagir. A moins qu'il ne se soit caché dans un recoin de la boîte. Là où on ne voit plus la piste. Là où il ne me verra pas. C'est dans la direction des toilettes alors, je tente. Je veux en avoir le cœur net. Etre fixée. Et en effet, il est là. Toujours avec l'homme à la chemise rouge et une nana avec qui ils discutent. J'ai déjà dit bonjour à S. Alors, après avoir marqué un temps d'arrêt à sa vue, je m'approche pour Le saluer. Même réaction que la dernière fois. Pas un mot. Pas un bisou en réponse à ma bise. Il ne bouge pas. Je me retourne immédiatement, embrassant la fille inconnue d'à côté qui est avec eux balançant un " bonsoir ! Bon, je vous laisse " et filant illico dans les toilettes. Où je souffle un grand coup. En ressortant, j'hésite mais je ne m'arrête pas. A quoi bon ? J'ai compris le message. Il vaut mieux que je me tienne loin de lui. La soirée se termine. Je retourne dire au-revoir à mes copains. Lui, n'est pas là. Parti peut-être. Je n'en sais rien. Je rentre. Un poids sur le cœur. En arrivant chez moi, au moment d'éteindre mon téléphone, je vois que j'ai reçu un texto :

    3h30 du matin " je t'aime toujours autant, malgré les mois qui passent. Et t'apercevoir reste un vrai crève-cœur... Tu étais ravissante ce soir ". Ce message me fait du bien et du mal à la fois, de le sentir encore si mal.

    Je réponds " je suis triste de ne plus pouvoir partager avec toi que quelques regards de loin en loin... " Et je vais me coucher. Triste. En effet.

    Au petit matin un autre message " A l'avenir, avertis moi quand tu vas à la xxx stp... Tu as trouvé un nouvel emploi ? ".

    Il s'inquiète de moi, toujours... Son message appelle une réponse que je ne peux lui refuser " je suis désolée de t'avoir blessé par ma présence. Je n'ai su que nous sortions à la xxx que la veille et je n'ai pas osé te prévenir en direct. Côté boulot, je cherche encore. Rien à l'horizon pour le moment... ".

    J'éteins mon portable pour le reste du week-end et découvre dimanche soir qu'il a essayé de me joindre par téléphone samedi, en début d'après-midi, pendant que mon homme était au foot. Je ne sais pas comment cela se fait que je n'ai pas entendu sonner... Je rage après moi. Et en même temps, me dit que par téléphone, cela aurait été trop difficile de ne pas le blesser. Quoi que je dise, quoi que je fasse aujourd'hui, je le blesse. Mes mots ne sont jamais ceux qu'il espère. Et je ne veux plus lui faire mal. Il m'a laissé un dernier texto samedi soir :

    "Tu n'as pas à être désolée. On n'a pas vécu ces quelques mois ensemble de la même manière et la rupture est autrement plus dure pour moi, visiblement du moins. La raison voudrait que je passe à autre chose. J'ai eu quelques occasions, mais tu restes la seule et unique dans mon cœur, même en essayant tous les jours de te détester. J'espère que tu trouveras un poste à ton goût. J'aimerais te dire "à bientôt" mais voilà..."

    Je n'ai pas répondu. Je ne sais pas s'il le faut d'ailleurs. J'hésite à lui envoyer un mail pour lui dire que je viens de me rendre compte qu'il a essayé de me joindre par téléphone samedi et puis... Et puis quoi ? Que je regrette d'avoir manqué cet appel ? C'est vrai. Mais je le redoute aussi. Et puis je lui dirais quoi de toute façon ? Que malgré les apparences je l'ai aimé pour de bon ? Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas...

     


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