• Retour à la réalité

    De retour dans la chambre d'hôtel où mon mari m'attendait, je le trouve, allongé sur le lit, télécommande à la main, qui me lance sur un ton renfrogné un « t'étais où ? ». Je ne sais pas exactement combien de temps je suis partie. Au maximum une demi-heure je pense, mais je ne sais plus trop. J'argue que j'ai du attendre un peu à la réception, que j'ai fait un tour à la boutique de l'hôtel, que j'ai croisé une fille du groupe qui cherchait où poster ses cartes et que je l'y ai conduite etc... Mais je sens bien qu'il ne mord pas. Après réflexion, j'en viens à me demander s'il ne m'a pas, une fois de plus, espionnée. Et s'il n'était pas remonté tout de suite dans l'ascenseur ? S'il m'avait vu, téléphoner depuis la réception ? J'en suis presque certaine... Mais il ne dit rien. Nous nous baladons dans les rues, faisons notre shopping, rejoignons le couple avec qui nous avons bien sympathisé... Et puis c'est le départ. C'est le moment de donner nos enveloppes de pourboires. J'ai glissé dans celle du guide une carte signée avec mon adresse e-mail... Une bouteille d'eau à la mer, à l'océan... Direction l'aéroport. Le guide serre la main de tous les hommes, fait la bise à toutes les femmes. Je crois entendre, quand mon tour arrive, un « a bientôt ». Mais je ne suis pas sûre... Je lui souris. Je pars, presque sans me retourner. Le voyage est terminé. Le retour est difficile. On s'est encore engueulé avec mon homme juste avant d'entrer dans l'avion au sujet d'un document qui doit nous permettre de retirer nos billets de train à Paris et que nous ne retrouvons pas. Par dessus le marché, nous ne sommes pas placés à côté dans l'avion. Nous sommes mêmes très loin. Ce n'est pas plus mal. Je suis à nouveau sur les nerfs. Tout le groupe s'inquiète de nous voir dans cet état et séparés... Mais finalement, les 9h d'avion passent assez vite. Je ne dors pas une minute. Mon homme vient me voir au bout de 2h, moi et nos nouveaux copains, et discute avec nous comme si de rien n'était. On déduit que ce document doit être resté à San Francisco, dans les mains de l'hôtesse qui a enregistré nos bagages et qui n'avait pas l'air très douée. Il n'y a pas d'autres solution possible. On se calme un peu. Dans le train (nous avons du racheter des billets), il me lance parfois des regards noirs. Je me demande, si, à un moment ou un autre, il va se lancer. Mais toujours rien. Il ne dit rien. Une fois rentré, il me serre dans ses bras. Me dit que c'était bien. Que la vie ici risque de nous paraître fade pendant quelques temps maintenant. Je me retiens de ne pas répondre que je trouvais la vie ici déjà fade avant de partir et que ça ne pouvait pas être pire. Je lui souris. Je suis bien dans ses bras quand je sens enfin son amour se libérer un peu... Juste avant de s'endormir, à sa question « qu'est-ce qu'elle me dit ma Titinette ? ». Je lui réponds sans hésiter « je t'aime ».


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