• Mon premier matin sans toi 1

    10h. J'arrive à mon travail. C'est mon premier matin sans e-mail de ta part. Bien sûr, je m'y suis préparée. Comme un boxeur avant de monter sur le ring, j'ai passé ma soirée de la veille, une partie de la nuit, et tout ce matin avant de venir travailler à me dire « C'est terminé ». Je me suis préparée à encaisser ce coup. Et je l'encaisse, tant bien que mal. J'e l'ai quand même allumé fébrilement mon ordinateur, ce foutu ordinateur. J'ai attendu avec impatience que mon boss quitte la pièce et comme un dernier espoir avant d'ouvrir ma messagerie, j'ai fixé l'écran... Mais non. Rien. C'était évident. Le contraire m'aurait, en fait, bien plus étonnée. Bien sûr, je sais que c'est mieux comme ça. Malgré tout, j'ai ce poids sur le cœur. Cette sorte de malaise qui ne me quitte plus depuis hier... depuis ces derniers e-mails échangés en guise de rupture. Parce qu'en face à face, aucun de nous deux n'aurait pu. Les mots ne seraient pas venus, étouffés par nos bouches qui ne savent pas s'ignorer, par nos corps qui ne savent pas s'éloigner... J'ai envie de venir te consoler, te prendre dans mes bras... te dire que tout va s'arranger, que la vie peut être belle. Parce qu'avec toi, la vie me semblait belle et simple... et en même temps, je ressens le besoin de prendre du recul vis à vis de tout ça. La situation est si complexe... et tout est allé si vite. Je suis mariée depuis si peu de temps, quelques mois à peine et te voilà... Tu m'as, en quelques heures, montré que la vie pouvait être différente, qu'on pouvait m'aimer différemment, que je valais peut-être plus, peut-être mieux que ce dont je me contentais jusqu'à présent. J'étais comme une princesse, pour la première fois de ma vie... C'est comme une révélation. Et comme toute révélation, on a du mal à y croire. Mes yeux éblouis ne voient plus rien. Je suis figée. Plantée sur place par tant de simplicité.

    Pourtant, je sens comme une urgence qu'il ne faut plus se voir. J'ai mal. Je suis perdue. J'ai besoin de me retrouver. Je ne sais plus reconnaître les évidences. Tout s'embrouille dans ma tête. Tu m'as assez répété « c'est si compliqué, la vie est trop con... Pourquoi pas plus tôt, nous deux » pour que je n'ai pas le courage de te dire que ma devise, depuis plus de 10 ans était « Quand on veut, on peut ». Mais la question aujourd'hui est plutôt : « qu'est-ce que je veux ? ». Tout le problème est là. Qu'est-ce que je veux vraiment ? Aujourd'hui, je ne sais plus. Je dois chercher les réponses. Mes propres réponses. Sans me laisser influencer ni par mes parents, mes amis, mon mari, ni toi aussi... Ca va prendre du temps. Je vais avoir besoin de temps... et c'est pour ça qu'on ne peut plus se voir... Avec toi, je ne réfléchis plus à ce dont j'ai besoin. Je VIS. Je ne vis plus que dans l'attente de te voir, te lire, t'écrire...Et j'oublie mon quotidien. Je l'oublie. Il n'a plus d'importance. Du coup, je ne bouge pas. Je ne sens plus de malaise dans ma vie puisque je t'ai, toi. Le reste glisse sur moi. Me laisse indifférente.  Et je laisse ma vie s'écouler lentement, sans rien faire pour faire changer les choses... puisque tu me donnes tout ce qui me manque. Mais ça n'est pas une solution. 


  • Commentaires

    1
    ajournement
    Jeudi 7 Avril 2022 à 12:57

    Je ne vois pas d'autres billets avant celui-ci.

    La nécessité d'écrire naît-elle nécessairement du manque ou de la souffrance?

    2
    Lundi 11 Avril 2022 à 09:47

    Bonjour, c'est en effet mon premier billet "en ligne". Il date de 2004, c'était le début des blogs. Avant celui-ci, j'écrivais déjà, mais dans des journaux intimes. Et mon besoin d'écrire a toujours été lié, pour moi, à des questionnements ou des souffrances. Je pense que c'est différent pour chacun de nous. Idem lorsque j'écrivais de la poésie plus jeune. Mes plus beaux poèmes étaient plutôt inspirés par des manques que par un trop plein de bonheur ;-) 

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