Je veux oublier les douleurs et pourtant elles sont bel et bien là. Une semaine d'anti-inflammatoires corsés n'auront rien fait d'autre que de fusiller mon estomac. Pour le reste, j'ai bien peur de devoir me résoudre à supporter. Juste supporter. Malgré l'enchaînement docteur, kiné, osthéo, radio et podologue, aucune amélioration en vue. D'autant que si le verdict n'est pas très clair, il semblerait qu'arthrose + métatarsalgie sont plus ou moins des douleurs incurables. Elles sont là. Faut juste vivre avec. Pas grand chose à faire pour les soulager.

Alors même si je me lève déjà fatiguée, même si j'ai mal en permanence toujours quelque part, il faut que je me fasse à cette idée. Il faut que je me débarasse de cette envie de pleurer liée à cette fatigue du corps quasi-permanente.

Je lutte. J'ai peur de devoir arrêter bientôt la danse tant ça devient compliqué pour moi de bouger harmonieusement sans souffrir. Mais rien que cette idée là me déprime. Danser, c'est juste ma vie. Ma respiration. Comment envisager d'arrêter alors que je ne fais que ça depuis 31 ans ?

Devoir me résoudre à porter des chaussures confortables et oublier les jolis talons qui trônent dans mon armoire, ça aussi c'est pas très rigolo.

J'angoisse aussi beaucoup pour ce voyage dont j'ai tant rêvé, qui est là, dans deux mois. Et je me dis qu'au bout de 2 jours, mes pieds vont être bousillés et que j'aurais du mal à profiter des 8 autres jours de balade intense dans les rues de cette ville que je rêve de voir depuis tant d'années pourtant. J'ai beau me rassurer en me disant que je vais emporter de bons baskets, il n'empêche... je vais avoir très très mal. Je le sais. Et je n'ai pas envie de gâcher le voyage des autres... Ca va être difficile...

Et s'il n'y avait que les pieds ! Il y a aussi les mains. Le simple fait d'essayer d'attacher un bouton pour habiller mon petit bonhomme est un petit moment de torture. Plein de choses m'échappe des mains. Je deviens malhabile... La loose.

Je me dis qu'il y a pire, que je dois profiter tant que je peux de tout ce que je peux faire. Mais ça me mine... je suis juste fatiguée d'avoir mal. Fatiguée de me lever fatiguée...

Allez, tout ça n'est rien. Rien n'est plus subjectif que la douleur. Je dois l'oublier. La faire fuir. Oublier mon corps, oublier les sensations. Juste n'être plus qu'un esprit. Plus fort. Plus fort que le mensonge absurde des sens qui trouble notre vision de la vie, la vraie.