• Suivre la bonne direction

    Attention, post long et chiant.

    J'ai deux directeurs (et un troisième sur Paris, mais bon... laissons le de côté pour l'instant. Deux, c'est déjà pas mal). Le premier, le vrai directeur de la boite, est jeune, connaît son métier sur le bout des doigts, sait de quoi il parle. Mais il bosse aussi beaucoup à la maison mère sur Paris et n'a pas de relationnel (surtout politique) ici. Il a donc embauché un « pseudo directeur ». Une sorte de prestataire local qui n'est pas salarié de l'entreprise mais intervient surtout auprès des élus qu'il connaît presque tous pour apporter une crédibilité locale à la boite et donc au projet. Un vieux de la vieille qui connaît tout le monde ici  et qui a longtemps bossé dans un secteur d'activité très proche du notre. Même moi, je connaissais déjà ce bonhomme.

    Bref. Il se trouve que je dois me taper avec lui des dizaines de rendez-vous de présentation du projet. Au début, j'écoutais beaucoup n'ayant eu droit à aucune présentation détaillée moi-même. Je me suis appropriée peu à peu le discours, et les multiples réunions auxquelles j'ai participé par ailleurs m'ont apporté des compléments d'information. Au fil des rendez-vous, j'ai envie d'intervenir pour compléter la présentation du dit directeur qui, il faut le dire, n'est pas toujours très clair dans ses explications... Et là, le hic. Impossible d'en placer une. Dès que j'ouvre la bouche, il continue de parler, couvre ma voix et enchaîne sur la suite. Je suis obligée de me taire pour que notre interlocuteur ne se retrouve pas face à un brouhaha incompréhensible. Je ne peux intervenir que lorsqu'il a un trou de mémoire, cherche ses mots ou bafouille un peu (et ça arrive régulièrement, heureusement pour moi)... Mais j'ai cette sensation désagréable de n'être là que pour lui servir de faire valoir et d'aide mémoire. Et je n'aime pas du tout ça.

    Hier, lors d'une énième présentation, je sens notre interlocuteur complètement perdu. Il faut dire que, même moi qui connaît le projet, j'ai du mal à comprendre ce que raconte mon directeur. Alors, je me permets d'intervenir, haussant la voix, pour apporter quelques éclaircissements et imposer mon intervention. Merde. Moi aussi j'ai des choses à dire. Et je sais qu'en général je suis bien plus claire que lui (on m'a souvent dit que mes présentations étaient très claires par le passé, il n'y a pas de raisons que cela ne soit pas vrai dans ce cas ci). J'interviens peut-être trois fois tout au plus, mais je sens comme une tension s'installer. Et je ne vais pas avoir longtemps à me poser la question. Sitôt les fesses dans la voiture pour se rendre au rendez-vous suivant, mon vieux directeur me rabroue. Me faisant part de son agacement, que je ne dois pas l'interrompre ainsi etc. J'argue que j'ai senti notre interlocuteur un peu perdu et que c'est pour cette raison que je me suis permise de reformuler certaines choses. Il n'en démord pas. Je n'ai pas à intervenir comme ça (je sais, c'est pas beau. En principe, je ne coupe jamais la parole, mais là, j'ai saturé). Je m'excuse et me tais tout le reste du trajet.

    Rendez-vous suivant. Mon directeur a un peu repris le fil de ses pensées et son discours est un peu plus clair qu'au rendez-vous précédent. Tant et si bien que, ne pouvant intervenir de toute façon, mon esprit s'évade un peu. Je ne l'écoute qu'à moitié. Soudain, il recommence à bafouiller et cherche ses mots. J'attends. Je ne sais pas exactement ce qu'il veut dire, après tout, je ne suis pas dans sa tête. Je le sens s'énerver. Et d'un geste, il me tapote le genou, appelant ainsi à l'aide ? Je jette un œil sur la diapo en cours, écoute le mot qu'il répète et lance le mot que, je suppose, il cherche. Il enchaîne. Je ne dirais rien de plus. Surtout que cette fois, une autre personne de l'entreprise est là pour aborder d'autres questions complémentaires, l'heure avance et je ne veux pas allonger la présentation au risque de rater mon cours de danse. Il ne manquerait plus que ça.

    Shit. J'ai au moins une quinzaine d'autres rendez-vous de ce genre à faire avec lui... Va falloir que je trouve une issue. Potiche, c'est pas le métier que j'ai choisi.

  • Commentaires

    1
    Angy
    Lundi 23 Janvier 2006 à 09:19
    Pourtant...
    ... potiche, c'est un chouette métier. Généralement bien payé pour rien foutre ;) T'es pas assez vénale, Titi... ;) Bisous
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    2
    Lundi 23 Janvier 2006 à 09:37
    Angy
    ça doit être ça... J'aime pas être payée à rien foutre ;-)
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