• No comment

    10h. Aujourd'hui est un jour un peu particulier. Pour la première fois depuis un an et demi que nous nous sommes quittés, mon Petit Prince et moi allons avoir une vraie conversation. Celle que nous n'avons pas vraiment eu après que j'ai décidé de tout arrêter. Lui, trop blessé pour mettre des mots sur sa douleur. Moi, trop perdue et trop proche de lui pour avoir la force de l'affronter sans craquer et retomber dans ses bras. Un an et demi de silence. Un an et demi d'évitements. Un an et demi qui m'ont permis de tourner la page sur cette pourtant très belle histoire. Un an et demi qu'il ressasse sans s'en sortir. « Pour tourner la page, j'ai besoin de dire et d'entendre certaines choses » m'a-t-il écrit. Et je pense qu'il est temps qu'il parvienne à tourner la page, en effet.

    11h. Je fais quelques courses pour me changer les idées. Mais je commence à tourner dans ma tête tout ce qu'il faudrait que je lui dise. J'imagine quelles sont ses questions. Je tente de formuler des réponses qui ne soient ni trop blessantes ni trop confuses, pour ne pas laisser de place à d'éventuels faux espoirs. Et ce n'est pas facile...

    12h15. J'arrive au parc. Il fait beau. Cette journée ensoleillée ressemble tellement à celles que nous avons partagé ici. Je commence à angoisser, à revoir des images de nous... Comme cette après-midi allongés sur l'herbe en plein soleil. Caresses coquines. Regards profonds. J'occupe mon esprit en lisant distraitement quelques pages de mon livre. L'Alchimiste. J'y cherche des réponses. Je regarde l'heure toutes les 3mn. Je suis en avance.

    12h30. Ponctuel, comme à son habitude. Lorsque je vois sa voiture arriver mon cœur se serre. Je tremble presque. Face à face, un bonjour de loin. Il ne peut toujours pas s'approcher pour me « faire la bise ». Ca commence mal pour quelqu'un qui veut tourner la page... Je lui laisse l'honneur de commencer puisque cet entretien est de son initiative et que je trouve ça bien. Il m'avoue avoir failli m'appeler pour annuler, là, il y a quelques minutes. J'aimerais qu'on se pose sur un banc, pour discuter tranquillement. Il préfère marcher et évite ainsi mon regard.

    Il commence par quelques banalités, en prenant de mes nouvelles, ma vie, mon job... Je réponds, je parle « comme si de rien n'était » ou presque. J'attends qu'il entre dans le vif du sujet. De longs silences entrecoupent nos échanges. Je marche à côté de lui et je sens son parfum effleurer mes narines. Ses yeux toujours aussi bleus et renversants. Envie de le serrer dans mes bras.

    Malgré tout ça, cette attente commence à m'énerver. Il ne dit rien. Devant tant d'hésitations je lance un « C'est le moment où jamais de tout mettre à plat. Tu dois certainement avoir des tas de questions restées sans réponses. Je suis là pour y répondre. Demande moi... Vas-y ». Mais rien. Il lance qu'il a ruminé cette rencontre depuis si longtemps et que là, il ne sait plus. Qu'il s'est demandé pourquoi, mais qu'il sait que mes raisons sont bonnes. Qu'il s'est demandé s'il y en avait eu un autre après lui, mais que ça ne le regardait pas. Qu'il se demandait si ça valait le coup que je sois « retournée » vers mon homme, si j'étais heureuse etc. Qu'il était mal mais que je ne pouvais rien y faire... Les questions et les réponses dans un même souffle. Comme pour me signifier que, de toute façon, quoi que je dise, ça ne changerait rien et que donc, tout ça, cet entretien, ne servait à rien. Je me lance alors dans un long monologue (puisqu'il ne me pose pas de questions directes il faut bien que j'improvise...). Le rassure sur mon bien-être actuel avec mon homme « tout va très bien. Beaucoup de choses ont changé, se sont améliorés ». Il lance un « alors tu as renoncé à tes rêves » qui fait un peu mal. Faisant sans doute référence à mes aspirations « d'ailleurs ». Je réponds que je ne renonce à rien, mais que j'ai arrêté de reprocher aux autres ma situation actuelle (en espérant qu'il en prenne bonne note et fasse de même). Que j'ai compris que le bonheur ne tient qu'à soi, qu'à sa propre façon d'aborder les choses. Que les autres n'y peuvent rien.

    Et puis je relève la première des certitudes qu'il a énoncé. Non, mes raisons ne sont probablement pas les mêmes que celles qu'il imagine (sauver mon couple) mais ma décision a fait suite à une certaine déception après ces 4 jours passés ensemble, loin de tout, de tous. Que j'avais idéalisé ce moment. Que j'en attendais un déclic qui n'est pas venu. Et que dans ce cas, ce n'était pas la peine de continuer. Il élude. Pour lui, ce n'était pas possible dans de telles conditions de vivre, de toute façon, un moment « idéal »... Il n'entends pas ce que je lui dis. Je comprends qu'il n'est pas prêt à tourner la page. Silence encore. De plus en plus pesant. Je vois le bout du chemin, le parking qui se dessine. Nous avons terminé le tour du parc, et avec lui, notre pseudo discussion. Je suis presque soulagée que cette heure passée ensemble se termine. Un peu frustrée aussi, déçue, une fois de plus, par son attitude, apathique.

    Il n'est décidément pas l'homme de ma vie. Je le savais déjà. J'en ai la confirmation aujourd'hui. Il conclut par un « je crois que je vais continuer à t'éviter ». Point final. C'est triste. C'est vraiment dommage. Il a tant de trésors en lui. Mais il ne sait pas les partager...


  • Commentaires

    1
    Jeudi 29 Septembre 2005 à 16:06
    Tres chere
    ca me fait plaisir de lire ces quelques ligne... tu as repris un sacré poil de la bete, enjoy!
    2
    maozriubh
    Jeudi 29 Septembre 2005 à 16:07
    ho?
    pas rasée?
    3
    cirdan
    Jeudi 29 Septembre 2005 à 18:14
    pas simple !
    Très bien décrit! me suis vu dans la peau du gars! pas sûr que j'aurais fait mieux!
    4
    gazebo
    Jeudi 29 Septembre 2005 à 23:09
    maoz bordel ! ;)
    algoflash tu disais? hihi
    5
    Vendredi 30 Septembre 2005 à 18:24
    c la vie
    tres bien raconter on s'y voyai comme dit cirdant apres ... je ne sais pas non plus comment jaurai reagit, il semble que tu ressente comme un manque de personnelité chez cet homme... n'est ce pas plutot de la timidité ou du " je veux faire trop bien mais je ne sasi pas faire? je ne sasi pas si c clair ce ke je raconte lol tres joli recit en tout cas
    6
    gab'
    Dimanche 2 Octobre 2005 à 17:33
    touchant.
    Je découvre ce blog et j'ai l'impression d'y lire mon histoire. En tout cas je me reconnais très très très très précisement dans ce type que je ne connais pas. Vouloir dire et entendre pour pouvoir tourner la page. La peur de tuer les éspoirs que l'on sait infondés. L'apathie quand je me vois accorder l'occasion de parler de ce qui me prend la tête jour et nuit. J'ai gratté l'équivalent de la bible sur des ptits cahiers de merde depuis cette rupture. J'aimerais que la fille qui me préoccupe ouvre un blog comme le tiens, peut-être que j'y verrais plus clair...
    7
    gab'
    Dimanche 2 Octobre 2005 à 17:35
    touchant.
    Je découvre ce blog et j'ai l'impression d'y lire mon histoire. En tout cas je me reconnais très très très très précisement dans ce type que je ne connais pas. Vouloir dire et entendre pour pouvoir tourner la page. La peur de tuer les éspoirs que l'on sait infondés. L'apathie quand je me vois accorder l'occasion de parler de ce qui me prend la tête jour et nuit. J'ai gratté l'équivalent de la bible sur des ptits cahiers de merde depuis cette rupture. J'aimerais que la fille qui me préoccupe ouvre un blog comme le tiens, peut-être que j'y verrais plus clair...
    8
    gab'
    Dimanche 2 Octobre 2005 à 17:40
    oups
    désolé pour le doublon, j'sais pas c'qu'il s'est passé. Je tenais a rajouter certains trucs: J'ai pas encore parcouru le reste du blog, mais je te trouve quand même bien abusée. Tu es certe victime des situations que tu créés, mais tu en es sourtout coupable. T'as laissé un type souffrir par caprice, c'est du propre.
    9
    gab'
    Dimanche 2 Octobre 2005 à 17:44
    re.
    Mince, décidement ca me préoccupe pas mal. Ca me met mal a l'aise d'autant me reconnaitre dans cette histoire. Ma ton comportement ressemble fort a celui de mon amie. Et ces temps ci je pense fort à lui donner à lire toute la merde que j'ai écrit. Je sais pas trop ce que ca m'apporterais, si ce n'est la confiance d'avoir été entierement sincère. C'est pas pour lui courir apres (de toute facon ca ne ferait que me fatiguer et la faire chier). Comment aurais tu accueilli cela?
    10
    titi
    Mardi 4 Octobre 2005 à 16:34
    Gab'
    Tiens, tu me trouves "abusée" ? (ou désabusée peut-être ???). Tu ne trouveras pas ici mon histoire avec petit prince. J'ai commencé ce blog juste après notre rupture (les 3 premiers textes la raconte en substance). S'il m'avait livré des textes commme tu en a écris, j'aurais probablement été très profondément touchée. Bouleversée ? Peut-être. Mais puisque j'ai fini par comprendre que ce que je ressentais pour lui n'est plus de l'amour (ça l'a été pourtant), une rechute ne nous aurait pas mené bien loin... Mais si ça peut te soulager de lui faire lire tout ça... Simplement, il ne faut rien attendre en retour. C'est tout. Et ce n'est pas facile. Peut-être seras-tu déçu par sa réaction et que ça t'aidera ainsi à aller de l'avant...
    11
    Gab'
    Mercredi 5 Octobre 2005 à 09:33
    Titi
    Quand je te lis, j'apprécie le verbe, mais j'ai l'impression que tu ne sais jamais ce que tu veux. Le monde offre de nombreuses possibilités, ca sert a rien de vouloir changer 2 fois par jour. Ce n'est pas une excuse d'être "perdue", ca justifie pas de faire chialer les pauv' types ^^ Quand à moi je renonce a faire lire mes trucs a mon ex. Ca ne m'apportera rien, à par l'impression d'planer a des années lumières d'elle.
    12
    titi
    Mercredi 5 Octobre 2005 à 19:17
    Gab
    Heu, "perdue" était un doux euphémisme pour ne pas dire dépressive. Il connaissait mon état (lui même m'a accompagnée chez un psy), ma situation (mariée) et connaît même mon homme (même bande de copains plus ou moins). Il savait très bien ce que j'attendais de cette relation (rien d'avenir, juste du carpe diem. Il était prévenu). Je ne l'ai pas forcé à tomber dans mes bras non plus... Nous n'avons pas pu maîtriser nos sentiments, c'est vrai. Je l'ai aimé, sans le lui dire. Il m'a aimé, sans me le dire non plus... On savait. Mais on ne disait rien, parce qu'on savait aussi qu'il n'y aurait pas de demain. C'était une histoire très belle. Mais elle est terminée. Depuis un an et demi. Je lui souhaite, comme à toi, de se relever et de trouver une autre personne, plus disponible, pour aller de l'avant et vivre encore une (ou plusieurs) belles histoires...
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    13
    Gab'
    Vendredi 7 Octobre 2005 à 18:58
    Re!
    Salut! Je suis perplexe ces temps ci. J'ai l'impression d'avoir perdu ma moitié qui continue pourtant à vivre avec moi. Comme je t'ai dit, ton histoire m'évoque fortement la mienne. Mon Ex dont je suis follement éperdu m'a quitté apres 3 ans de vie commune, apres m'avoir mis des plans d'avenir dans la tête. C'est effectivement loin de ton histoire. Pourtant dans les personnage c'est assez proche. Ma copine étant dépressive chronique a été amoureuse maintes fois, et porte un malheur permanant qui me coupe toute envie de m'éloigner d'elle. Mais elle évite totalement d'en discuter avec moi, sans montrer quoi que ce soit alors qu'on habite encore ensemble. Je sais pourtant qu'elle est très affectée en réalité. J'veux pas lui foutre la pression, ni la forcer a rester avec moi (c'est perdu d'avance). Mais j'ai pas envie qu'on se perde de vue sans s'être jamais parlé intimement... Je pense qu'elle est encore amoureuse de moi, et apprécie ma compagnie. Et frenchement j'ai du mal a garder ma bonne humeur. Enfin bon... J'aimerais bien pouvoir être fixé, avant de devenir fou... Oué bon j'vois pas trop comment tu pourrais m'aider ^^ Désolé! Bye.
    14
    Léa
    Samedi 8 Octobre 2005 à 10:25
    Je suis...
    ... sans voix... Ce texte me rappelle aussi mes doutes au moment de gérer plusieurs ruptures... J'étais plutôt dans SA peau à lui... Mais je pense que tu as été parfaite. Bon courage Titi...
    15
    Vendredi 21 Octobre 2005 à 13:21
    Empathie.
    Je comprends ce que tu ressens. Je comprends ce qu'il ressent. Il y a des "pourquoi" qui se perdent... Pourquoi n'a t'on pas l'hygiène de protéger les autres de soi ? ça me turlupine.
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