Fausse alerte

Négatif. Le test était négatif. J'ai passé tellement de temps à me préparer psychologiquement à l'éventualité que quelque chose était en train de changer dans mon corps que j'en étais presque déçue. Je ne sentais rien. J'aurais du me douter. Mais ce retard, ce test « invalide » qui a semé le doute dans mon esprit, le désir si fort de mon homme ont fini de me convaincre que peut-être, cette fois, c'était parti pour une nouvelle aventure.

Il n'en est rien. J'ai mis quelques heures avant de me remettre de l'information. Tout ça, que du vent. Pfiut. En même temps, toujours rien. Alors maintenant j'espère juste que ce retard va se prolonger encore un peu, histoire de me laisser le temps de profiter de la mer sans contrainte, sans devoir me balader avec cette chose irritante à l'intérieur de moi. Maintenant, je vais pouvoir prendre un Nexen pour soulager mon dos, boire des pastis en souriant, manger du jambon cru et des crudités sans me poser de questions. Et profiter de mon été. Je peux laisser aller mon esprit au vagabondage, repenser à cet architecte qui s'occupe de notre cuisine avec qui j'ai échangé quelques regards, quelques sourires, et qui a pris le temps de faire dévier un peu la conversation l'autre jour, au téléphone, jusqu'à ce qu'on arrive à discuter de nos vies, de nos vacances passées et à venir. Sa voix chaude. Ses yeux clairs. Je peux me permettre d'y penser. Parce que séduire fait partie de moi. Et que le jour où je deviendrais une grosse baleine responsable, je ne pourrais plus me permettre ça. Alors j'en profite encore un peu.