• Ecrire c'est brûler vif, mais c'est aussi renaître de ses cendres.

    Blaise Cendras (1887-1961)



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  • Le bel O. Je ne l’ai pas vu depuis au moins 4 ans. Nous ne nous connaissons pas vraiment, nous avons juste travaillé ensemble sur deux ou trois projets, il y a très longtemps. Sur un coup de tête, je fais une recherche pour savoir ce qu’il est devenu. Comme ça. Allez savoir pourquoi…

    Je découvre que, s’il n’a pas tout radicalement changé il a manifestement trouvé sa voie d’artiste et a traversé cette crise naissante que j’avais devinée lors de notre dernière entrevue. Je vois ses œuvres, elles me touchent. Spontanément je lui envoie un petit mot de félicitations. Et tout aussi spontanément, dans les minutes qui suivent il me répond et m’invite à passer à son atelier.

    Comme pour un premier rendez-vous je choisi avec soin mes vêtements, je fais un effort pour dompter mes cheveux qui n’ont plus de coupe depuis longtemps, abandonne mes lunettes au profit de mes lentilles que je ne porte plus que pour le sport… et je passe en sa compagnie une agréable partie de mon après-midi.

    Je devine qu’il s’est séparé depuis. Son visage n’est plus aussi lisse, plus aussi beau. Son accent local est plus fort que ce que j’avais gardé en mémoire. Il se mange un peu les doigts comme s’il était stressé. Mais son regard bleu-vert est toujours aussi profond, sa gentillesse et sa prévenance toujours aussi intactes, le poussant à me raccompagner jusqu’à ma voiture avec un parapluie pour que je ne sois pas trempée en repartant…

    Je sais qu’il suffirait de peu, probablement, pour que quelque chose se passe. Mais au fond de moi, je n’ai pas envie de provoquer les choses, même si je l’ai déjà un peu fait en envoyant ce message et en acceptant de passer le voir. Je n’ai pas envie d’entrer en mode « séduction ». J’ai plutôt envie de me laisser séduire. J’ai envie de sentir le désir de l’autre. J’ai envie d’être une gourmandise convoitée, une surprise que l'on n' attendait plus, un moment de grâce dans la pesanteur du quotidien, une parenthèse inattendue…


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  • Evidemment, j'ai passé ma journée et ma soirée seule. Mais... comme un léger signe, il a quand même pensé cette fois à m'offrir un cadeau le jour de mon anniversaire et pas 6 mois après. Il est arrivé, tout content avec son paquet. Moi, surprise de deviner qu'il a du affronter tout seul les vendeuses des boutiques pour filles... Un petit pull coloré que je n'aurais probablement jamais acheté. Mais, même si sa couleur m'a déroutée, je l'aime quand même ce petit pull, juste parce qu'il est comme un symbole d'un effort qui j'espère ne s'arrêtera pas là...

    Evidemment, juste après, il est parti à son entraînement de foot. Evidemment, rien pour fêter ensemble en tête à tête ce non-événement durant le week-end qui a suivi. En même temps, passé un certain âge, a t'on encore vraiment envie de fêter notre lente marche vers la fin ?

    Aujourd'hui je porte mon petit pull. Il fait soleil. Et je me dis tout simplement : c'est bientôt le printemps...


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  • Un an de plus ici, un an de plus au coin des yeux.

    Je n'espère rien. Je ne veux rien espérer.

    Et en même temps, je ne peux pas m'empêcher de ressentir un minuscule espoir, tout petit, ridicule. L'envie d'un sursaut de sa part, d'une surprise, d'une soirée comme une fête... Et non pas d'une soirée toute seule, pendant qu'il ira s'entraîner et que je compterais toute seule mes bougies dans ma tête comme on compte les moutons le soir pour trouver le sommeil, un sommeil qui ne vient pas, qui ne vient plus.


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  • Cela fait quelques semaines que je fais ce qu'il appelle "la gueule". Il a donc, comme à son habitude, péter un plomb un soir en disant "stop, j'arrête. J'en ai marre, j'arrête tout, j'arrête de faire des efforts avec cette putain de maison puisque rien de ce que je fais ne te satisfait". J'ai répondu froidement "On arrête ? Si tu veux. Dans ce cas, rendez-vous chez l'avocat".

    Il s'est immédiatement calmé, s'est rassis et a pris un ton plus doux.

    S'en est suivi un vidage de sac de ma part. Je lui ai dit que je n'arrivais pas à digérer ce qu'il m'avait fait, qu'il m'avait vraiment traité comme une merde et que ça ne passait pas.

    "Comment veux-tu que je me fasse pardonner si tu ne me laisses pas une chance ?" s'est-il exclamé.

    Je me suis énervée "ta chance, je te l'ai donné tous les jours pendant 5 mois. Pendant 5 mois tu as eu une occasion en or de me prouver ton amour. Et pendant 5 mois tu n'en as fait qu'à ta tête pour satisfaire ton petit besoin égoïste, alors même que j'étais enceinte et qu'ensuite je perdais du poids à cause de tout ça. Et toi, au lieu de t'inquiéter, tu ne trouvais rien d'autre à me dire que tu me trouvais encore plus sexy avec ces kilos en moins. C'est juste insupportable. Alors ne me dit pas maintenant que je ne t'ai pas donné une chance".

    "Si tu savais, tu ne dirais pas tout ça" dit-il la larme à l'oeil.

    "Et bien justement, j'aimerai bien savoir. J'en ai marre de devoir juste deviner ton amour".

    J'en ai ajouté une couche sur le fait que je trouve qu'il croupit dans sa boite depuis 15 ans, qu'il manque d'ambition et qu'il ne fait pas grand chose pour mettre un peu plus de beurre dans les épinards et que j'en ai assez de me battre moi, de mon côté, pour toujours plus de reconnaissance au boulot afin de négocier sans cesse des augmentations.

    Bref, vidage de sac. Ca fait du bien. C'est déjà ça.

    Et puis aujourd'hui, prise soudainement par cette envie de respirer, j'ai envoyé un mail au bel O. Pas vu depuis des années. J'ai découvert ce week-end sa nouvelle activité d'artiste. J'ai aimé. Je l'ai félicité. J'aimerai avoir l'occasion de croiser à nouveau sa route. Il m'a répondu dans la minute. Peut-être irais-je bientôt boire un café en sa compagnie...


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