Vendredi soir. Cours de danse. Je me sens vide de toute énergie. Je me sens prête à craquer. Et à la moindre réflexion de la prof de danse... Je craque. Impossible de refermer la vanne qui s'est ouverte. Mes larmes coulent, coulent coulent. Elle me dit que ça fait bien un an qu'elle me trouve mal, que j'ai perdu ma petite lumière, qu'il faut que je fasse quelque chose, que j'accepte d'aller mal pour pouvoir aller mieux...
Je rentre à la maison. Mon homme me demande si mon cours s'est bien passé. Je réponds un "mouais" pas convaincant. Il part dans son délire genre "si c'est pour te prendre la tête chaque semaine, tu vas arrêter la danse". Comme si le problème venait de là... Je lui réponds que ça n'a rien à voir avec la danse, même si c'est là que je craque systématiquement depuis quelques semaines. Que je ne vais pas bien, point. Il marmonne un "un jour ça va, un jour ça va pas pfff". Pas envie de cris, d'énervements, d'explications dans le vide. Je m'éclipse dans la salle de bains pour une bonne douche. J'espère quelques minutes qu'il viennent me réconforter là, maintenant, mais non.
Un peu plus tard, je ne sais plus comment, je lui sors que de toute façon ça fait deux ans que je suis comme ça, et qu'il ne s'en rend même pas compte. Parce que je fais semblant d'aller bien. Parce qu'autour de moi, personne n'accepte que je puisse aller mal. Dès que je montre un signe de faiblesse, on me secoue, on ne comprend pas, mes parents changent de sujet de conversation quant à lui, il m'engueule. Du coup, je garde tout. Je fais semblant de sourire. Et comme une illustration, un peu plus tard dans la soirée, je parle d'autre chose, je fais "comme si", en espérant qu'il comprenne. Il me prend dans ses bras. Me serre fort. Me répète qu'il m'aime...
Le samedi soir, il évoque nos vacances aux USA de l'an dernier, me dit qu'il n'arrête pas d'y penser. Que tout était bien, même le trajet en avion. J'en profite pour lui dire que de mon côté, le trajet en avion n'est pas un bon souvenir. "Ah bon ? Pourquoi ?". "Parce que j'ai pleuré pendant des heures. Et tu ne t'en ai même pas rendu compte". Ca fait du bien de dire les choses telles qu'elles sont. Même si je lui ai déjà dit qu'il avait été insupportable, que je lui ai déjà reproché son attitude maintes fois, là, ça l'a touché différemment, du moins je l'espère. J'ose espérer qu'il comprend que tout ça est plus profond qu'une simple crise de stress de temps en temps.
M'être vidée m'a fait du bien. Le lendemain il fait beau, je me sens bien. Direction la piscine de ses parents, voir sa cousine et son bébé (encore un ;-)). Tout se passe bien, jusqu'au moment où ils évoquent un possible déménagement (et donc vendre la maison qu'ils ont fait construire récemment) pour lui permettre à elle d'accéder à un job intéressant. Là, ça me renvoit à nous, notre vie toute tracée dans laquelle il faut que je me débrouille pour trouver mes marques et m'adapter, son refus à lui d'aller au delà des limites du département pour me permettre à moi ce genre d'évolution professionnelle. Je sens encore comme une injustice. Et depuis, encore un gout amer qui traîne. Encore un peu de haine qui boue. Je crois qu'il n'y aurait même pas besoin de déménager pour que j'aille mieux. Je crois que ce qui me ferait du bien, c'est de savoir "qu'autre chose est possible si...". Avoir une porte ouverte. Savoir qu'on pourrait remettre notre vie en question si c'était nécessaire ou simplement si nous en avions envie. Le sentir capable de sacrifier quelque chose de son schéma parfait pour l'adapter au mien... Je commence à peine à comprendre la signification de "s'aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction". Si seulement j'avais compris plus tôt...
il n'est jamais trop tard pour bien faire, bon courage