• Du rêve au cauchemar

    Quand je suis arrivée en bas de chez lui, j’étais à la fois impatiente et stressée. Impatiente de revoir ce garçon qui avait fait battre mon cœur d’adolescente et stressée à l’idée d’être venue passer « tout un week-end » alors que nous ne nous étions pas vu depuis 21 ans exactement.

    Quand la porte s’est ouverte, mon cœur a fait un bond. Bien sûr, il a beaucoup changé, mais je l’ai reconnu quand même. Il s’est approché de moi pour déposer un prude baiser sur ma joue et, instantanément, comme à chacune de nos rencontres furtives qui ont égrainés nos vies entre mes 15 et mes 21 ans, nous nous sommes instinctivement et naturellement serrés très forts l’un contre l’autre.

    Nous avons longuement discuté toute la soirée. En nous tenant les mains. Comme un besoin de contact, peau à peau. Ses mots ont pansés de vieilles blessures. Il m’avait abandonné alors que, lorsqu’il avait ressurgi dans ma vie à 21 ans, j’avais quitté pour lui celui qui deviendra par la suite mon mari. Déjà à l’époque, je savais que j’avais mieux à vivre… Mais il m’avait repoussé dans les bras de mon officiel en me disant que c’était mieux pour moi. Et il avait disparu. J’ai eu beaucoup de colère après lui. Longtemps. Je savais que nous avions de jolies choses à vivre ensemble et il s’était échappé au moment où nous aurions pu les vivre.

    Il m’a expliqué qu’il n’était pas prêt. Qu’il savait qu’avec moi c’était du sérieux, et qu’il n’était pas prêt à être sérieux. Mais il ne m’a jamais oublié. Il a entretenu le souvenir de nous pendant 20 ans. Me cherchant du regard chaque année pendant les vacances d'été, sur les lieux de nos rencontres passées. Parlant de moi régulièrement avec sa sœur et sa mère, ma photo grand format toujours présente dans sa chambre d’adolescent chez ses parents. Toutes ses copines, sa femme et ses enfants connaissent mon existence. Depuis plus de 20 ans. Alors que moi, j’avais refermé cette boite aux souvenirs, lui en a gardé des tonnes que j’avais oublié. Parce que j’étais jeune. Parce qu’il m’a blessé. Parce que j’avais tourné la page depuis bien longtemps.

    Nous avons passé un joli week-end. Nos corps s’attirent toujours autant. Nos peaux s’aimantent comme au premier jour. Cela m’a fait un bien fou. Mais nous n’en sommes pas du tout au même point dans nos têtes et dans nos coeurs. Il est amoureux. Comme au premier jour. Et moi je suis toujours amoureuse de mon autre…

    Au bout de 3 jours, nous avons eu un accrochage. Il commençait déjà à remettre en question mes projets de partir dans le sud puisque maintenant nous nous sommes « enfin retrouvés ». Il a ensuite complétement déraillé en me disant que je ne pourrais pas rester dans ma maison si je restais vivre ici. A cause des souvenirs. Mais aussi parce qu’il ne pourrait pas vivre dans la maison d’un autre (comme si j'allais envisager au bout de 2 jours de m'installer avec lui...). Et parce que c’était trop loin de son travail. Le « rêve » s’est soudainement transformé en cauchemar. En quelques jours un nouveau poids est venu se poser sur mon cœur. Comme si je n’en avais pas déjà assez…

    Les mots de mon autre sont revenus  résonner dans ma tête « n’écoute personne qui voudrait te ramener à la raison. Sois toi… ». Alors j’ai calmement, mais fermement recadré son enthousiasme un peu trop débordant.

    Il a compris. Et j’espère qu’il n’essaiera plus de me faire changer d’avis. Si je dois changer d’avis, ce sera parce que JE le voudrais.  Et pour l’instant, je ne le veux pas.


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  • Pensée du jour

    «Vous ne pouvez pas contrôler tous les événements qui vous arrivent, mais vous pouvez faire en sorte qu'ils ne vous définissent pas»

    Maya Angelou


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