• Je viens de faire une expérience professionnellement enrichissante. J’ai accepté de faire une chose que je n’avais jamais réellement faite. Je suis sortie de ma « zone de confort » comme on le dit, pour relever ce challenge. Je l’ai fait, cela s’est bien passé et je n’ai eu que des retours positifs dans mon entourage professionnel, voire même des emballements de certains du type « Tu as été brillante ! Tu es faite pour ça ».

    J’ai voulu partager ce moment avec ma famille, leur montrer qui je suis dans mon travail, ce que je fais, leur faire découvrir cette facette de moi qu’ils ne connaissent pas. L’événement était filmé, c’était donc facile de leur faire partager ces 55 mn de ma vie.

    Mon père est parti en cours de route pour faire je ne sais trop quoi. Ma mère n’a pas dit un mot et s’est contenté d’un discret clap clap des mains à la fin de la vidéo avec un « c’est bien ». Mon mari s’est empressé de relever toutes les imperfections. Seule ma sœur a eu un discours positif et constructif (heureusement, sinon je crois que j’en aurais presque pleuré).

    Alors voilà, bien évidemment, je ne m’attendais pas à ce que toute la famille se lève pour me féliciter chaleureusement. Mais un tel degré de presque indifférence affichée, même si je sais qu’ils sont fiers de moi au tréfonds d’eux, ce n’est pas si facile à intégrer. Depuis que je suis enfant, tout ce que je fais n’est semble t’il jamais assez bien pour mériter un grand bravo ou de réels encouragements. Comme si réussir était un gros mot. Comme si faire des choses valorisantes qui vous mettent un peu de lumière dessus était déplacé. Du coup, je n’ai jamais vraiment eu confiance en moi. J’ai toujours considéré tout ce que je faisais comme des choses normales, banales, pas si compliquées. Je me suis toujours comparée à ceux qui faisaient beaucoup plus, beaucoup mieux que moi. Je ne regarde jamais ceux qui font moins bien. Ils ne m’intéressent tout simplement pas.

    Difficile de savoir qui je suis car je ne sais pas trop où placer le curseur entre ces félicitations que je trouve exagérées d’un côté et cette sorte de « ouais bof » de l’autre. J’ai toujours eu envie d’avancer, de faire de belles choses de ma vie, et en parallèle je vis avec une sorte de frein mental qui m’empêche de croire que je peux y arriver. Et même quand j’y arrive, je suis confrontée à ce couperet du jugement de ceux qui me sont chers et qui me fait penser que je n’ai pas de talents particuliers.

    J’aurai pu intégrer les petits rats de l’opéra de ma ville. Ma mère n’a pas voulu.
    Je dessinais des robes depuis l’âge de 8 ans (jusqu’à mes 20 ans). Personne ne m’a jamais encouragé sur ce chemin, bien au contraire « ce n’est pas un métier » m’a largement été assénée pendant des années.
    J’écrivais des poèmes et des chansons. Jamais de commentaire à leur lecture.
    Je me suis enregistrée en train de chanter à l’âge de 10-12 ans. Pas un mot non plus d’encouragement.

    Malgré quelques amis avec qui j’ai partagé des bribes de ces choses qui m’habitent et qui m’ont, eux, fait des compliments (tu chantes bien / tu as beaucoup d’imagination tu devrais dessiner une collection entière / tes textes sont très beaux / etc…) ces compliments n’ont jamais franchi cette barrière mentale que je porte en moi et je ne les ai jamais pris au sérieux.

    Aujourd’hui, j’ai envie de les entendre… et de les prendre en considération pour avancer vraiment.

    "Pour moi, il n'y a que d'heureux présages, car quoi qu'il arrive,
    il dépend de moi d'en tirer du bien."
    Epictète


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