• 14h. Je ne cesse de cliquer pour vérifier s'il ne m'a pas répondu. Plusieurs messages arrivent. Je sursaute, pleine d'espoirs. Beaucoup plus que ce matin puisque j'ai eu un premier message... 

    14h30. Toujours pas de réponse. Il faut dire, qu'il n'y a pas de réponse à donner à ces mots... Je me relis. Je vois que, comme l'avant-veille, je conclu mon message sur des mots qui ne laissent pas vraiment d'autre alternative que de ne plus se voir. Alors que, pourtant, j'en ai tellement envie. Et je me dis qu'il a raison de ne pas me répondre. Mais quand même. Je clique et je clique encore, presque frénétiquement...

    14h45. Je n'y tiens plus. J'envoie un autre message qui répond « idem » à chacune de ses questions... Ca me permettra d'attendre plus facilement peut-être. Parce qu'il faut que je me remette à bosser... Les post-it s'accumulent, les messages aussi... la liste de mes tâches s'allonge. Mon boss m'appelle pour faire un point sur nos dernières statistiques. Ca tombe bien. Je vais pouvoir m'éloigner un peu de mon écran.

    15h15. Je reviens vers mon ordinateur. Une nouvelle enveloppe. Un nouveau message de sa part :

    « Moi aussi j'ai pensé aller au parc et puis je suis parti me plonger dans mon bouquin, chez moi, ... a deux doigts cependant de repartir aussitôt le feuilleter sur le lieu de nos rendez-vous.

    Ce qui me hante aussi, c'est cette promesse que je t'ai faite, dans ce même parc, lors de notre première 'rupture'. Que je ne te laisserai jamais tomber, même si on devait ne plus avoir de relation affective. »

    16h. Je me décide à lui répondre. Tremblante.

    « Je me souviens de ta promesse. Elle m'avait tant fait de bien... J'avais le sentiment d'avoir trouvé comme... un repère, quelqu'un sur qui compter, à qui je pouvais tout dire sans être jugée... Quelqu'un qui me comprend. Ici. Tout près de moi. Je me noyais et tu étais là, pour me sortir la tête de l'eau...

    Mais je ne veux pas te demander l'impossible. Tu as dis toi même hier que tu en avais assez d'être l'épaule sur laquelle on se repose. Et que tu avais besoin de penser un peu à toi au lieu de penser toujours aux autres... Je ne peux que te dire que tu as raison. Je te l'ai dit hier "protège toi de moi"... C'est vrai, j'aime être avec toi, parler avec toi, échanger des e-mails, chatter... Je me sens bien avec toi même si on n'a pas de contact physique. Mais je suis réaliste... Après tout ce qu'on a partagé... Si tu le souhaites, et si ça te "hante", on peut défaire cette promesse... Je ne te ferais pas une crise en venant te voir pour te hurler "tu m'avais promis !". C'est promis. Si tu veux que je disparaisse. Je disparaîtrai. »

    Il n'a pas répondu. Et j'ai disparu de sa vie.


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  • 11h. Je clique sans arrêt sur le bouton « envoyer/recevoir » de ma messagerie. Je sais que ça ne sert à rien. Que tu  ne m'écriras plus. Et pourtant, je ne peux pas m'en empêcher... Je me retiens de t'écrire aussi. Parce que je sais que, pour l'instant, cela ne sert à rien... Qu'il vaut mieux que je te laisse tranquille, panser les blessures que je t'ai faites. Des visiteurs arrivent. Je dois les accueillir. Sourire, café, quelques mots échangés... Ma voix tremble, mes yeux fuient leurs regards, mes jambes ont du mal à me porter... Je prends sur moi. Je respire un grand coup et je chasse ton image qui s'obstine à me voiler la vue. Heureusement, le boss arrive à mon secours et prend le relais. Je m'éclipse... et m'effondre sur mon siège. Puis le téléphone s'y met. Plusieurs appels à la suite, comme pour me secouer et me dire « ça suffit, réveille toi... c'est terminé. Tu n'auras plus de ses nouvelles ».

    11h30. Mon cœur grossi. Quelques minutes que ne j'ai pas cliqué. Une petite enveloppe s'affiche, en bas de mon écran. Mon cœur s'emballe... Non. Ce n'est pas toi... Je le savais. Alors pourquoi ai-je encore de l'espoir ? Tu es si près... Quelques centaines de mètres à peine. Je sais que pour toi aussi, c'est difficile et j'ai mal de t'avoir tant fait mal.  Je t'imagine. Les yeux rougis, derrière ton écran. Luttant pour cacher ce que tu as envie d'hurler à tous. Je te sens malade, désespéré, démoli. J'ai l'impression d'avoir, en quelques semaines, complètement détruit ta vie. Avec ton consentement. C'est encore pire. Sans le vouloir. Sans faire exprès. Moi qui, au départ, te voulait simplement pour ami... Moi qui voulait seulement t'offrir un peu d'amour, te montrer à quel point ça peut être bien d'être deux,  pour te prouver que tu étais capable de renverser le cœur d'une femme et que tu pouvais être heureux si tu laissais sa chance aux âmes que tu rencontres. Mais je me suis laissée prendre dans l'engrenage. Et je t'ai perdu. Je t'ai perdu le premier jour. Le premier jour où on a dansé ensemble et où je me suis instinctivement blottie dans tes bras. De là, le malentendu est parti, nos cœurs se sont emballés... et tout a basculé.

    11h45. Je n'ai pratiquement pas travaillé. De toute façon, ça fait deux mois que je ne travaille plus. Là aussi, je sens l'urgence de me reprendre. Mes deux dernières opérations de relations presse n'ont quasiment pas eu de retombées. Normal. Je n'avais pas la force de prendre le téléphone pour relancer les dizaines de journalistes, souvent absents et leur servir ma soupe pour les convaincre d'écrire, de diffuser nos informations... Mais là encore, je n'ai pas de force. Encore moins peut-être... Je lutte chaque seconde pour ne pas t'écrire. Je me ressasse sans cesse ces mêmes mots « C'est terminé. Tu n'auras plus de ses nouvelles. Tu ne partageras plus rien avec lui...». Je sens comme une urgence de me retrouver très vite. Comme si, malgré tout, je ne t'avais pas encore tout à fait perdu. Comme si, aujourd'hui je pouvais encore tout changer. Tout plaquer, t'enlever et partir avec toi... Mais ce n'est pas raisonnable. Je me raisonne. Je me raisonne. Je me raisonne. Je me dis que ce n'est pas ça que je veux. Et puis, je n'en sais rien... Je sens que tu vas partir. Changer de boulot pour être plus loin de moi. C'était déjà une question que tu te posais avant que nos vies ne se croisent et depuis, je sais que ce n'est plus une question. C'est une fuite indispensable. Une question de survie. Et là, je t'aurais définitivement perdu... Je sais que je t'ai déjà perdu. Je t'ai déjà perdu. J'essaie seulement de me rassurer un peu. Mais il ne faut pas. Il faut que j'ouvre les yeux. Que j'accepte la réalité. J'ai tout gâché.

    12h. Tu n'as sûrement même pas la place d'avaler une pomme, comme à ton habitude. Toujours pas de message. Mon premier matin sans e-mail de ta part... Je me rabats sur les centaines et centaines de messages qu'on a échangé. Combien en deux mois ? Près de 900. Je les survole. Il y en a tant. Je n'ai pas le courage de les relire maintenant. J'attends encore, malgré tout... Un dernier message de toi. Qui ne viendra pas. Je le sais.

    12h15. Je m'en vais acheter quelque chose à grignoter, même si je n'ai pas faim. Je n'ai rien mangé depuis hier. Il faut que je tienne debout jusqu'à ce soir. Besoin de m'isoler... Il fait beau. Envie de capter quelques rayons du soleil. Le soleil. Mon ami. Celui qui réchauffe mon cœur blessé. Comme la veille, je pars en voiture, avec mon sandwich, sur le principal lieu de nos rencontres... Le parc.  J'accélère, j'ai hâte d'y arriver. Et plus je m'approche, plus je ralentis, me préparant à l'inévitable déception de ne pas te voir. Je me gare. Le parking est presque vide. Bien sûr, tu n'es pas là... Mais cette fois, je ne ferais pas la même erreur qu'hier. Je resterais là. Je n'irais pas promener. Tu pourrais arriver, voir ma voiture et repartir... sans que je ne le sache. Je ne veux pas risquer de te rater. Alors, j'attends. Debout. Adossée à ma voiture... 20 mn s'écoulent et toujours rien. Quelle idiote je fais de penser qu'on pourrait se retrouver là, comme par hasard... J'attaque mon sandwich, sans faim. Je le grignote, fixant la route qui mène au parc, sursautant à chaque bruit de voiture. Et puis soudain, je mords dans mon sandwich avec rage, je l'avale en vitesse sans percevoir son goût, je trépigne d'impatience comme si j'étais presque sûre que tu allais finir par arriver... 30 mn que je suis là. Déjà. Et toujours rien. Et si pendant ce temps tu m'avais écrit ? Cette idée me traverse l'esprit comme un éclair. Je jette le morceau de sandwich qu'il me reste, me précipite dans ma voiture et pars le cœur battant.

    13h15. J'essaie de masquer mon impatience. J'entre dans le bureau, jette un œil sur l'écran. Une enveloppe est affichée. J'enlève mon écharpe, dépose mon manteau, échange quelques mots avec mon patron... et m'assoie face à mon ordinateur. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je me dis, une fois de plus : ce ne doit pas être lui. Et pourtant, je retiens mon souffle. Je clique et... je vois ton nom apparaître. Je ne sais pas ce que le message contient, mais déjà, un soulagement m'envahis. Le message  s'appelle « pourquoi » et je sens déjà comme un appel au secours... J'hésite quelques secondes puis j'ouvre le message :

    « Pourquoi est-ce que j'avais un nœud dans l'estomac en me levant ce matin ? Nœud qui s'est estompe a la lecture de ton mail d'hier soir, quel qu'en soit le contenu, a partir du moment ou il portait tes mots.

    Pourquoi est-ce que j'ai sursaute toute la matinée a l'arrivée d'un mail, espérant qu'il porte ton nom ?

    Pourquoi est-ce que je n'arrive pas a me faire a l'idée de ne plus te voir ?

    Pourquoi est-ce que je m'accroche a toi alors que rien n'est envisageable ?

    Pourquoi est-ce que tu me manques autant ? »

    J'avais envie de lui répondre tout simplement « idem... ».  Et puis, tellement privée d'écrire depuis quelques heures à peine, je suis partie dans mes propres pourquoi...

    Pourquoi est-ce que j'ai passé ma soirée, isolée, à dévorer le premier des livres que tu m'as prêté, en y cherchant des réponses aux questions que je me pose, en caressant les pages que tu as tourné, en cherchant un message, une réponse, une réponse...

    Pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à pleurer vraiment ? Accrochée peut-être à l'espoir que tout n'étais peut-être pas complètement perdu... obligée de sourire aussi... de barricader mon coeur pour ne rien ressentir... Barricader mon coeur, barricader mon coeur, barricader mon coeur... penser à autre chose pour pouvoir sourire et tenir debout. Sourire et tenir debout. Sourire et tenir debout.

    Pourquoi avais-je l'estomac noué ce matin en ouvrant ma messagerie. Je savais qu'il n'y aurait pas de message. Mon premier matin sans e-mail de toi...

    « Pourquoi ai-je passé toute ma matinée à t'écrire, au lieu de bosser ? Je m'écrivais à moi-même puisque je ne pouvais plus échanger avec toi. Ecrire pour m'auto-analyser ? Essayer de comprendre ? T'écrire, et j'enfreins là la règle que je m'étais fixée, te fais plus de mal qu'autre chose. Je te fais du mal. Je n'ai pas le droit de te faire du mal. Je n'ai pas ce droit. Je me suis empêchée tout le matin de t'envoyer un message pour te demander comment tu allais parce que je connaissais de toute façon la réponse. Mal. Parce que je sais que depuis le début, je te donne des espoirs sans le vouloir et que je te fais mal. Je ne devrais pas te répondre. Je ne devrais pas cliquer sur "envoyer". Mais j'ai si mal de te sentir mal... Besoin de prendre du recul par rapport à toute cette histoire... J'ai du mal à m'y retrouver. Besoin de réfléchir sur le sens de ma vie. Trouver ce dont j'ai besoin, ce dont j'ai envie MOI.

    Pourquoi, hier midi et ce midi encore, suis-je allée grignoter mon sandwich au parc...

    Pourquoi, tout à l'heure, suis-je repartie précipitamment de ce même parc animée d'un pressentiment pour aller me jeter sur ma messagerie, le cœur tordu en voyant une enveloppe en bas de mon écran. Me martelant avant d'ouvrir : ce n'est sûrement pas lui, sûrement pas lui...

    Je ne veux plus te faire du mal. Je t'en ai déjà trop fait. »

    J'hésite à envoyer le message mais ces échanges me manquent tellement. Je réponds, je clique sur « envoyer » et me voilà repartie à attendre. Va t'il réussir à résister... va t'il me répondre ? Va t'on se revoir ? Comment va t'on vivre après ça ?

     


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  • 10h. J'arrive à mon travail. C'est mon premier matin sans e-mail de ta part. Bien sûr, je m'y suis préparée. Comme un boxeur avant de monter sur le ring, j'ai passé ma soirée de la veille, une partie de la nuit, et tout ce matin avant de venir travailler à me dire « C'est terminé ». Je me suis préparée à encaisser ce coup. Et je l'encaisse, tant bien que mal. J'e l'ai quand même allumé fébrilement mon ordinateur, ce foutu ordinateur. J'ai attendu avec impatience que mon boss quitte la pièce et comme un dernier espoir avant d'ouvrir ma messagerie, j'ai fixé l'écran... Mais non. Rien. C'était évident. Le contraire m'aurait, en fait, bien plus étonnée. Bien sûr, je sais que c'est mieux comme ça. Malgré tout, j'ai ce poids sur le cœur. Cette sorte de malaise qui ne me quitte plus depuis hier... depuis ces derniers e-mails échangés en guise de rupture. Parce qu'en face à face, aucun de nous deux n'aurait pu. Les mots ne seraient pas venus, étouffés par nos bouches qui ne savent pas s'ignorer, par nos corps qui ne savent pas s'éloigner... J'ai envie de venir te consoler, te prendre dans mes bras... te dire que tout va s'arranger, que la vie peut être belle. Parce qu'avec toi, la vie me semblait belle et simple... et en même temps, je ressens le besoin de prendre du recul vis à vis de tout ça. La situation est si complexe... et tout est allé si vite. Je suis mariée depuis si peu de temps, quelques mois à peine et te voilà... Tu m'as, en quelques heures, montré que la vie pouvait être différente, qu'on pouvait m'aimer différemment, que je valais peut-être plus, peut-être mieux que ce dont je me contentais jusqu'à présent. J'étais comme une princesse, pour la première fois de ma vie... C'est comme une révélation. Et comme toute révélation, on a du mal à y croire. Mes yeux éblouis ne voient plus rien. Je suis figée. Plantée sur place par tant de simplicité.

    Pourtant, je sens comme une urgence qu'il ne faut plus se voir. J'ai mal. Je suis perdue. J'ai besoin de me retrouver. Je ne sais plus reconnaître les évidences. Tout s'embrouille dans ma tête. Tu m'as assez répété « c'est si compliqué, la vie est trop con... Pourquoi pas plus tôt, nous deux » pour que je n'ai pas le courage de te dire que ma devise, depuis plus de 10 ans était « Quand on veut, on peut ». Mais la question aujourd'hui est plutôt : « qu'est-ce que je veux ? ». Tout le problème est là. Qu'est-ce que je veux vraiment ? Aujourd'hui, je ne sais plus. Je dois chercher les réponses. Mes propres réponses. Sans me laisser influencer ni par mes parents, mes amis, mon mari, ni toi aussi... Ca va prendre du temps. Je vais avoir besoin de temps... et c'est pour ça qu'on ne peut plus se voir... Avec toi, je ne réfléchis plus à ce dont j'ai besoin. Je VIS. Je ne vis plus que dans l'attente de te voir, te lire, t'écrire...Et j'oublie mon quotidien. Je l'oublie. Il n'a plus d'importance. Du coup, je ne bouge pas. Je ne sens plus de malaise dans ma vie puisque je t'ai, toi. Le reste glisse sur moi. Me laisse indifférente.  Et je laisse ma vie s'écouler lentement, sans rien faire pour faire changer les choses... puisque tu me donnes tout ce qui me manque. Mais ça n'est pas une solution. 


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